Elle; elle marche au milieu. Son poids passe de droite à gauche et puis de gauche à droite : tel un top modèle, elle se déhanche tranquillement. Insouciante. Pourtant elle ne devrait pas être là, mais ce n’est pas de sa faute… Elle, elle ne le sait pas. Elle ne peut pas s’en rendre compte après tout. Elle fait ça comme toujours mais ne voit pas la différence aujourd’hui. Je ne lui en veux pas à elle.
C’est plutôt après lui que j’en aurais.
Lui il est à côté, sur le bord. Lui il est inconscient. Il n’a pas l’air de se rendre compte qu’il ne devrait pas la laisser faire. Il devrait lui dire d’arrêter, de faire attention. C’est dangereux pour elle après tout. Pourtant il n’a pas l’air de s’en soucier beaucoup.
Moi, je suis assis sur ma moto et j’avance sur cette route de montagne; je passe un lacet après l’autre. On monte et on descend au rythme des collines. La moto ronronne et moi je passe mon poids d’un côté à l’autre pour suivre les courbes. C’est la danse habituelle entre les montagnes, le bitume, ma boite à vitesse, mon accélérateur et mes freins. Mais cette fois-ci le soleil s’est absenté et à laissé la place aux étoiles.
Je n’ai pas pour habitude de conduire de nuit, mais il ne me reste plus que quelques kilomètres pour aujourd’hui, alors j’allume mon phare et la danse devient jeux d’ombres, de lumières et de reflets.
En arrivant en haut d’une côte, le dos arrondi de la route me révèle subitement les pleins phares de la voiture qui vient à contre sens. Ici les gens n’ont pas vraiment l’habitude, la présence d’esprit ou tout simplement le souci du respect de l’autre sur la route. Que ce soit avec les autres véhicules, les piétons ou cyclistes. Alors tu peux toujours rêver qu’on te baisse les feux à ceux de croisement !
Bref, la lumière m’éblouie, je ralentis, fronce les yeux, regarde le sol et attends que ça passe. On se croise dans un souffle et l'éblouissement s'atténue graduellement. Á mesure que la lumière disparaît, elle, elle commence à apparaître en plein milieu de ma voie. Elle : la vache !
Il me faut une fraction de seconde pour me rendre compte avec certitude de ce que je vois une trentaine de mètres devant moi. Mes poils du cou, du dos, des bras, des genoux (et peut être ceux du nez aussi) s’hérissent à mesure que mon cerveau relâche une dose d’adrénaline jusque dans la pointe de mes doigts de pieds, pour me réveiller à la manière d’un seau d’eau froide lancé en pleine figure.
Trente mètres. Les pupilles dilatées, les yeux écarquillés, je la vois maintenant clairement, avec ses grosses fesses et ses pis pleins de lait qui se ballottent. Elle est exactement sur ma trajectoire un peu plus loin. J’écrase les freins tout en pensant à bien doser pour ne pas bloquer les roues.
Vingt mètres. Droite, ou gauche? Elle n’est pas seule, il y en à d’autres sur le bas côté qui marchent dans l'herbe. Lui, l’homme qui guide son troupeau, il est à droite dans l’herbe aussi. Gauche alors ? Non, juste à sa gauche il y a la même forme en plus petit qui se dandine à ses côtés.
Dix mètres. L’air est bloqué dans mes poumons. Ça y est, je vais terminer mon voyage dans le cul d’une vache… C’est con quand même. Toute cette route pour arriver ici, maintenant. Ma mâchoire se serre. Bon droite alors. Il y a plus de place. Cinq mètres. Il faisait froid 30 secondes plus tôt, mais maintenant j’ai des gouttes de sueur qui perlent aux sourcils. Les freins hurlent. Le gravier crisse sous les roues. Trois mètres. J’ai pu me dévier, la moto passera à côté de la vache. Ouf. Mais la caisse gauche ? On dirait qu’elle va frapper le tibia de la vache… Si c’est le cas je vais être éjecté de la moto vers la droite et m’écraser dans la caillasse. Deux mètres. Le poids vers la droite je pousse ma trajectoire sur le côté. Un mètre. Je serre les dents.
Zéro mètres. La massive ombre bovine passe dans un coup de vent sur ma gauche. Pas d’impact. Elle, elle continue à avancer comme si de rien n’était.
À peine soulagé, je vois les silhouette de quelques arbustes. Des arbustes qui, je m’imagine, cachent le précipice qui les suit. Je freine de plus belle alors que je sors de la route. Je m’arrête brusquement dans les gravier du bord du bas côté, la moto cale et j’arrive tout juste à la garder en équilibre avant qu’elle ne se jette au sol.
Les deux pieds 
sur le plancher des vaches, les mains crispées sur mon guidon, tout tremblant je me retourne.
Deux ou trois voitures arrivaient juste après moi. Elles ont le temps de s’arrêter sur la route. À travers la lumière de leur phares se découpent les silhouettes de la vache et son petit qui se dirigent vers le bord de la route sous les cris du maître qui
, prenant enfin conscience, les appelle.
Moi j’ai besoin de souffler un moment avant de re-alumer le moteur. Besoin d’attendre que mon coeur se replace tranquillement à sa place habituelle derrière mes côtes. Qu’il reprenne son rythme normal... 
Bon, je n’aurais pas besoin de vous annoncer la fin prématurée de mon voyage pour cause de coup de foudre avec l’animal. J’avoue : ça m’arrange.

Photos du temps à Ayacucho

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Ella; está caminando en el medio. Su peso pasa de la derecha a la izquierda y de la izquierda a la derecha: tal un top model, se contonea tranquilamente. Despreocupada. Sin embargo no debería estar allí, pero eso no es su culpa… Ella, no lo sabe. Y después de todo no puede darse cuenta de eso. Está haciendo esto como siempre pero no ve la diferencia que hay hoy. No estoy resentido con ella.
Es más bien a el que le culparía.
El, está al lado, caminando en el borde. Él es inconsciente. No parece que se de cuenta que no debería dejarla hacer. Debería decirla de tener cuidado. Es peligroso para ella después de todo. Sin embargo no parece preocuparse mucho de eso.
Yo, estoy sentado en mi moto y ando en este camino de montaña; paso un serpenteo después del otro. Subimos y bajamos al ritmo de las colinas. La motocicleta ronronea y yo paso mi peso de un lado al otro para seguir las curvas. Es el baile habitual entre las montañas, el asfalto, mi caja de cambios, mi acelerador y mis frenos. Pero esta vez el sol se ha ido y ha dejado el puesto para las estrellas.
No tengo el costumbre de manejar de noche, pero me queda solamente algunos kilómetros para hoy, entonces enciendo mi faro y el baile se hace juegos de sombras, de luces y de reflejos.
Llegando en lo alto de una costa, la espalda redondeada del camino me revela súbitamente los faros llenos del carro que viene de contra. Aquí la gente no tiene para nada la costumbre, la presencia de ánimo o simplemente la preocupación del respeto del otro en el camino. Sea con otros vehículos, los peatones o ciclistas. Entonces puedes esperar todo lo que quieras que se te bajen las luces llenas para las de cruce!
Así que, la luz me deslumbra, bajo la velocidad, frunzo las cejas, miro al piso y espero que esto pasa. Nos cruzamos en un soplo y el deslumbramiento se atenúa gradualmente.
Mientras que la luz desaparece, ella, empieza a aparecer justo en la mitad de mi carril. Ella: ¡ la Vaca!
Necesito una fracción de segundo para darme cuenta con certeza de lo que estoy viendo unos treinta metros en adelante de mi. Los pelos del cuello, de la espalda, los brazos, rodillas (y tal vez también los de la nariz) se me erizan a medida que mi cerebro manda una dosis de adrenalina hasta la punta de mis dedos de pie, para despertarme al estilo de un balde de agua fría lanzado en plena cara.
Treinta metros. Las pupilas dilatadas, los ojos abiertos de par en par, la veo ahora claramente, con sus nalgas gordas y sus ubres llenas de leche que se sacudan. Esta exactamente en mi trayectoria un poco en adelante. Aplasto los frenos pensando en ajustar bien para no bloquear las ruedas.
Veinte metros. ¿ Derecha, o izquierda? No está sola, hay otras al lado que caminan en la hierba. Él, el hombre que guía su rebaño, esta a la derecha en la hierba también. ¿ Izquierda entonces? No, justo a su izquierda hay la misma forma en más pequeño que se contonea a su lado.
Diez metros. El aire está bloqueado en mis pulmones. Ya está : voy a acabar mi viaje en el culo de una vaca … Que final tan tonto. Todo este camino para llegar aquí, ahora. Mi mandíbula se aprieta. Bueno, derecha entonces. Hay mejor espacio. Cinco metros. Hacía frío 30 segundos antes, pero ahora tengo gotas de sudor que se perlan en las cejas. Los frenos ululan. La grava rechina bajo las ruedas. Tres metros. Pude desviar; la motocicleta pasará al lado de la vaca. Bueno. ¿ Pero la maleta izquierda? Tengo la impresión que va a golpear la tibia de la vaca … Si así pasa voy a estar eyectado de la motocicleta hacia la derecha y a estrellarme en los guijarros. Dos metros. Con mi peso hacia la derecha empujo mi trayectoria por el lado. Un metro. Aprieto duro los dientes.
Cero metros. La imponente sombra bovina pasa en una ráfaga de viento por mi izquierda. Ningún impacto. Ella, continúa caminando como si nada.
Apenas aliviado, veo las siluetas de algunos arbustos. Arbustos que, me imagino, esconden al precipicio que les sigue. Freno aún más mientras salgo del camino. Me paro bruscamente en grava del borde de la ruta, la motocicleta se cala y logro a lo justo mantenerla en equilibrio antes de que se echa al piso.
Los dos pies en el suelo, las manos crispadas sobre mi manillar, totalmente temblando me doy la vuelta.
Dos o tres carros llegaban justo detrás de mi. Tienen tiempo de pararse en la ruta. A través de la luz de los faros se recortan las siluetas de la vaca y su ternero que se dirigen hacia el borde del camino bajo los gritos del dueño que, tomando por fin consciencia, les está llamando.
Yo necesito tomar aire un rato antes de volver a prender el motor. Tengo que esperar que mi corazón se reponga tranquilamente en su sitio usual detrás de mis costillas. Que vuelva a su ritmo normal... 
Bueno, no necesitaría anunciarles el fin prematuro de mi viaje por causa de golpe de rayo con el animal. Lo confeso: eso me conviene mejor.

Fotos del tiempo en Ayacucho.